La chute de la population italienne est-elle irréversible?

16/01/2023
La chute de la population italienne est-elle irréversible? LE FIGARO

La démographie italienne poursuit sa descente amorcée en 2010. Et sa population, de 60,8 millions en 2015, a déjà chuté à moins de 59 millions, malgré une immigration dynamique depuis 2000.

En vingt ans, le nombre d’étrangers est passé de 1 million à 5,2 millions. Un phénomène en entraîne un autre pour expliquer cette chute continue des naissances : l’effondrement du taux de fécondité, de 2,51 enfants par couple en 1963 à 1,44 en 2010 et 1,25 aujourd’hui.

Soit le deuxième plus bas en Europe après celui de l’Espagne. S’il paraît enfin se stabiliser, sa chute est si ancienne que chaque génération est moins nombreuse que celle qui la précède.

Aussi, explique Alessandro Rosina, professeur de démographie à l’Université catholique de Milan, « les femmes en âge de procréer étant de moins en moins nombreuses, les naissances vont continuer à baisser même si nous parvenions à relever le taux de fécondité au niveau de celui de la France.

Plus le temps passe, plus il est difficile d’inverser la courbe ». Difficile de sortir de l’hiver démographique. Au début des années 2000, le problème tenait à la difficulté des familles italiennes de passer de 1 à 2 enfants.

Depuis la crise de 2008, il y a moins de premiers nés, car ce sont les jeunes qui peinent à fonder une famille. Un quart des 25-34 ans sont des Neet, « ni en études, ni en emploi », et sont deux fois plus nombreux qu’en France.

Et quand ils font des études, ils en sortent à 27 ou 28 ans.

En moyenne, deux ans après leur diplôme, 38 % d’entre eux seulement ont un emploi. Aussi les jeunes Italiens s’émancipent-ils particulièrement tard du foyer parental : à 29,9 ans en moyenne, selon Eurostat (et 30,9 ans pour les garçons), contre 23,6 ans en France, soit plus de six ans de différence. Le taux est le plus tardif de toute l’Europe.

Et ce d’autant que les loyers sont trop élevés pour leurs revenus.

Chaque crise diffère un peu plus le projet d’enfant, jusqu’à ce qu’aux deux enfants rêvés il ne soit plus temps que d’en faire un, et parfois plus du tout.

En vingt ans, l’âge moyen des mères à l’accouchement est passé de 30,5 à 32,8 ans, et à 31,5 ans pour le premier enfant.

Si on y fait moins d’enfants, c’est aussi parce que les femmes, source du deuxième revenu nécessaire à la vie de la famille, travaillent moins qu’ailleurs : vingt points d’écart entre le taux d’emploi des hommes et des femmes (contre onze en Europe), car rien n’a été fait en Italie pour favoriser le travail des ¬mères.